Partenariat Marwell Wildlife - Ecole Nationale Vétérinaire et Ceva Tunisie :

protection de la faune sauvage et développement de nouvelles compétences pour les vétérinaires tunisiens

 

En 2015, CEVA Santé Animale Tunisie est officiellement devenu partenaire de l'Association Marwell Wildlife. Ce partenariat a démarré avec le projet Fakroun, un projet de réhabilitation de la tortue tunisienne (Testudo graeca nabeulensis), sous-espèce de tortue grecque endémique de Tunisie fortement menacée par le ramassage dans la nature et le commerce illégal.

En effet, cette tortue terrestre, à cause de sa taille miniature et de sa jolie coloration, est malheureusement réputée comme « souvenir » de choix pour les touristes ou « hôte des jardins » pour les familles tunisiennes ; dans certaines régions, elle est même recherchée comme aliment gastronomique ou médicinal.

Ce marché a un double tranchant car en plus de l’impact direct sur le nombre d’animaux vivant en liberté, il engendre des menaces indirectes sur les populations sauvages résiduelles. Tout d’abord, la libération -volontaire ou non- de tortues dans la nature représente un risque majeur de transmission de maladies (herpesviroses, mycoplasmoses…) aux reptiles résidents et ainsi entrainer une épizootie à fort taux de mortalité pour tout un niveau de l’écosystème. D’autre part, les tortues vendues dans les souks peuvent provenir d’autres pays (les plus grosses par exemple sont généralement d’une sous-espèce marocaine) : l’introduction de ces tortues dans l’habitat de la tortue tunisienne peut engendrer l’hybridation des futures générations et conduire à la disparition de la sous-espèce tunisienne pure !

Conscient de cette forte menace sur la biodiversité de la Tunisie, le gouvernement tunisien a inclus cet animal dans la listes des espèces rares et menacées d’extinction en 2006 (JORT n°60 du 28/7/06 ;  art. 209-210 du Code Forestier modifié par la loi 2009-59 du 20/7/09) grâce auquel tous commerce et détention deviennent illégaux.

En 2011, un projet de réhabilitation des tortues confisquées par la douane a commencé à prendre forme, sous l’initiative de la Direction Générale des Forêts (Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques) en partenariat avec l’organisation anglaise Marwell Wildlife (www.marwell.org.uk). En 2014, un centre de récupération a finalement ouvert ses portes dans le Parc National de Boukornine (gouvernorat de Ben Arous). Ce site permet la récupération, le tri, les soins de quarantaine et de préparation au relâcher, après un an environ, pour les tortues qui remplissent tous les critères requis. Fin 2015, Marwell Wildlife, en partenariat avec  CEVA, a pu réaliser des travaux d’aménagement d’un centre de recherche écologique équipé d’une zone de clinique permettant le soin, l’hospitalisation et les examens complémentaires de ces reptiles !

Le Parc National de Boukornine et l’Ecole Nationale de Médecine Vétérinaire de Sidi Thabet collaborent dans la réalisation de cette mission, par l’affectation annuelle de quatre étudiants vétérinaire internes de la section « Médecine de la faune sauvage et de la Conservation » créé en 2012. Sous la houlette passionnée du Dr Marie Petretto, responsable de Marwell en Tunisie, Ines et Anissa Dhaoui, internes de la promotion 2015/2016, partagent leur expérience :

« Notre stage d’internat nous permet de découvrir une nouvelle approche du domaine vétérinaire et de nous armer de nouvelles connaissances dans le domaine de la conservation in-situ. La principale activité réalisée est la gestion du Projet Fakroun. Avec l’équipe de Marwell, nous nous occupons d’une part du suivi des tortues mises en quarantaine et ce réalisant des inspections quotidiennes, des hospitalisations des malades et des autopsies. D’autre part, nous participons à l’étude de l’écosystème adéquat pour les tortues, par le biais de radio-tracking, afin de déterminer les meilleurs points de relâcher.

La nouvelle clinique du Centre de Réhabilitation de la Tortue Tunisienne constitue un outil majeur pour le déroulement des activités quotidiennes puisque les tortues malades y sont hospitalisées et nous y réalisons des autopsies et des examens complémentaires à savoir les analyses parasitologiques (notamment l’identification d’ectoparasites) et des coproscopies. »

Ce travail, bien que constituant une discipline émergente de la profession vétérinaire en Tunisie,  s’inscrit dans le cadre standard de la médecine de groupe : les résultats permettent de mettre à jour les connaissances et de mieux comprendre les pathologies qui sévissent et de garantir de meilleurs soins aux tortues en quarantaine.

D'autres projets conduits dans les Parcs Nationaux du Sud tunisien sont également en cours de réalisation, et concernent la ré-introduction d'espèces disparues qui étaient jadis endémiques : l'Addax, l'oryx, et l'autruche à cou rouge, pour ne citer que les espèces les plus emblématiques. Les enjeux de ces projets sont multiples que ce soit en terme de biodiversité, de développement de nouvelles filières pour les étudiants vétérinaires, et de création de richesse économique à moyen terme lorsque la restructuration de ces parcs nationaux permettra d'accueillir une activité touristique.

Bref, des projets autour de la passion du "vivant", pour voir loin, "au-delà de la santé animale" ...

 

Ines  Dahoui réalisant un sondage oro-gastrique pour vermifugation

Anissa Dhaoui réalisant l’identification des ectoparasites

Centre de soin du Parc National de Boukornine

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